Vous lancez votre activité, créez votre site, déposez votre marque. Tout roule. Et puis un jour, quelqu’un d’autre utilise une adresse très proche de la vôtre. Même nom, ou presque. Mais ce n’est pas vous. Mais ce n’est pas vous et cela marque une distinction juridique essentielle entre une gestion légitime de votre identité numérique et les abus du cybersquattage. Le site est louche, parfois vide, parfois rempli de publicités, voire de contenus malveillants. Résultat ? Vos clients sont perdus. Votre image en prend un coup. Et vous, vous êtes piégé dans un imbroglio numérique dont vous ne soupçonniez même pas l’existence.

Ce scénario n’a rien d’exceptionnel. Des milliers d’entreprises, d’indépendants et même de particuliers découvrent trop tard que leur identité numérique a été « réservée » par un tiers. Parfois pour tirer profit de leur notoriété. Parfois pour les faire payer cher le simple droit d’exister en ligne. Parfois pour des opérations de fraude plus graves.

Ce phénomène, qui repose sur la captation d’un nom associé à une activité, une marque ou une personne, est devenu un business parallèle. Et un vrai casse-tête juridique. Entre atteinte à la propriété intellectuelle, détournement de trafic et extorsion numérique, les enjeux sont aussi économiques que réputationnels.

Alors comment savoir si vous êtes concerné ? Quels sont les signes qui doivent vous alerter ? Peut-on anticiper ce genre d’usurpation ? Et surtout : quels sont vos droits, vos recours, vos marges de manœuvre ?

Dans cet article, on vous guide pas à pas pour comprendre les ressorts de cette pratique, ses variantes, ses risques et les moyens concrets de s’en protéger. 

Cybersquatting : de quoi parle-t-on ?

Un jour, vous tapez le nom de votre entreprise dans Google. Surprise : un autre site, presque identique, s’affiche au-dessus du vôtre. Même nom, ou presque. Autre extension. Et aucun lien avec vous. Ce n’est pas un bug. C’est une stratégie délibérée.

Ce type d’attaque numérique consiste à réserver un nom de domaine proche d’une marque, d’un service ou d’un nom connu, sans en avoir les droits, dans le but de :

  • détourner des visiteurs,
  • bloquer un concurrent,
  • ou forcer une revente.

Pas besoin d’être un hacker pour ça. Quelques euros, un formulaire, et le tour est joué. En moins de 10 minutes, n’importe qui peut s’emparer d’un nom qui ressemble de très près au vôtre. Et vous mettre en difficulté sans jamais toucher à votre site.

On parle ici d’une usurpation d’identité numérique souvent invisible au début, mais redoutable sur la durée.

Pourquoi vous ne pouvez plus ignorer le problème ?

Ce n’est pas un phénomène rare ou réservé aux multinationales.
Aujourd’hui, même un freelance qui lance son activité ou une PME locale peut être la cible.

Pourquoi ? Parce que dans un monde connecté :

  • votre nom vaut de l’argent,
  • votre réputation se joue en ligne,
  • et votre trafic est monétisable.

Le risque ? Laisser une brèche ouverte. Et découvrir trop tard qu’un inconnu exploite une variante de votre nom pour :

  • héberger de fausses pages,
  • duper vos clients,
  • ou simplement vous vendre votre propre identité numérique à prix fort.

Ne pas réserver son nom de domaine aujourd’hui, c’est comme oublier de fermer sa vitrine en pleine nuit.

Est-ce légal ? Ce que dit la loi française (et internationale)

Acheter un nom de domaine, c’est simple. Trop simple. Un particulier peut réserver coca-cola-info.com sans que personne ne l’empêche sur le moment. Mais ça ne veut pas dire que c’est légal.

La loi ne punit pas l’achat d’un nom. Elle punit l’abus.

Ce qui compte, c’est l’intention :

  • Le nom est-il utilisé pour induire en erreur ?
  • Cherche-t-il à profiter de la notoriété d’une marque ?
  • A-t-il été enregistré pour bloquer son véritable propriétaire ?

Si la réponse est oui, on entre dans le domaine du cybersquattage illégal. Et là, les sanctions peuvent tomber.

Bon à savoir : Même sans site actif, un nom de domaine peut être litigieux s’il crée un risque de confusion dans l’esprit du public.

En France : ce que dit le Code de la propriété intellectuelle

Le droit français protège les marques, les noms commerciaux, les dénominations sociales… et les noms de domaine associés.

L’article L713-2 du Code de la propriété intellectuelle interdit toute reproduction ou imitation d’une marque déposée si cela peut porter préjudice.

Prenons un cas simple :

Une entreprise détient bellefleur.fr. Un tiers enregistre bellefleur-paris.com pour vendre des produits similaires. → C’est une atteinte à la marque.

Le titulaire peut :

  • demander la transmission du domaine,
  • obtenir des dommages et intérêts,
  • agir pour concurrence déloyale ou parasitisme économique.

Et si la marque n’a pas été déposée ? Vous pouvez quand même agir, à condition de prouver un usage antérieur notoire ou une tentative manifeste d’extorsion.

Astuce : Pour renforcer votre protection, déposez votre marque à l’INPI et réservez vos domaines clés dès le départ.

Les recours à l’international : ACPA, UDRP, OMPI

Même si votre entreprise est française, le problème peut venir de l’étranger. Un domaine en .com enregistré depuis les États-Unis, par exemple.

Trois outils principaux permettent d’agir à l’international :

ACPA – La loi américaine anti-cybersquattage

Adoptée en 1999, l’Anticybersquatting Consumer Protection Act sanctionne tout enregistrement de domaine réalisé :

  • de mauvaise foi,
  • avec l’intention de nuire ou de monnayer un nom célèbre.
  • Les peines peuvent aller jusqu’à 100 000 $ par domaine.

UDRP – La procédure rapide de l’ICANN

L’UDRP (Uniform Domain Name Dispute Resolution Policy) est un mécanisme d’arbitrage géré par l’ICANN. Il permet de :

  • déposer une plainte sans procès,
  • récupérer le domaine en quelques semaines,
  • éviter des années de procédure judiciaire.

Cette procédure est utilisée dans la majorité des litiges sur les extensions .com, .net, .org.

OMPI – L’organisation qui centralise les plaintes

L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, basée à Genève, instruit les litiges via un panel d’experts. C’est elle qui applique la politique UDRP dans la pratique.

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Elle examine trois critères :

  1. Le domaine est identique ou trop proche d’une marque existante.
  2. Le titulaire n’a aucun droit légitime sur ce nom.
  3. L’enregistrement a été fait de mauvaise foi.

Si les trois conditions sont réunies, l’OMPI ordonne le transfert ou la suppression du domaine.

Les formes les plus fréquentes de cybersquattage

Toutes les formes de squattage numérique ont un objectif commun : profiter d’une identité qui ne leur appartient pas.
Mais les méthodes, elles, changent. Certaines sont visibles. D’autres passent sous le radar… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Voici les principales techniques utilisées et pourquoi vous devez les connaître.

Typosquatting : une faute, un piège

C’est la forme la plus simple… et la plus utilisée.

Le typosquatting enregistre un nom de domaine quasiment identique au vôtre, en misant sur une erreur de frappe courante :

  • une lettre en plus ou en moins,
  • un tiret mal placé,
  • un mot mal orthographié.

Exemples :

  • goog1e.fr (avec un “1” à la place du “l”)
  • maillinblack.com (deux “l”)
  • amazzon.fr
  • payplal.net

 Le but ? Tromper les internautes qui tapent l’URL à la main. Ces sites peuvent :

  • héberger des pubs ou des arnaques ;
  • copier l’apparence de votre site ;
  • voler des données via du phishing.

Astuce : surveillez régulièrement les fautes typiques de votre nom. Et si besoin, achetez-les avant qu’un autre ne le fasse.

TLD squatting : même nom, autre extension

Le TLD squatting (TLD = Top Level Domain) repose sur une faille simple :

Vous avez réservé votrenom.fr, mais pas votrenom.com ?
Quelqu’un d’autre s’en charge… à vos dépens.

Exemples :

  • leparisien.fr (officiel) vs leparisien.org (inconnu)
  • monassurance.com exploité par une société fictive, pendant que la vraie entreprise n’a que le .fr

Objectif :

  • détourner du trafic,
  • nuire à la réputation,
  • revendre le domaine plus tard.

Conséquences :

  • perte de visiteurs,
  • confusion des consommateurs,
  • conflits juridiques coûteux.

À faire : pensez dès le départ à réserver les extensions critiques (.com, .net, .org), même si vous ne les utilisez pas.

Squatting de marque ou de célébrité

Certains squatteurs visent directement des marques déposées, des noms publics ou des événements majeurs. Ce type de squattage est plus risqué juridiquement… mais souvent lucratif.

Madonna.com

En 1998, avant le coup d’envoi de son retour, le domaine Madonna.com a été réservé et transformé en site pour adultes. En 2000, l’OMPI a statué en faveur de la chanteuse, car la renommée de “Madonna” suffisait à établir un usage de mauvaise foi.

Le domaine a ensuite été transféré à Madonna. Aujourd’hui, l’artiste possède madonna.com et plusieurs autres extensions internationales. Un autre artiste très célèbre, Sting, n’a pas eu cette chance. 

Sting.com

Le domaine sting.com avait été acquis en 1995 par un gamer nommé Michael Urvan. Le chanteur Sting a porté l’affaire devant l’OMPI en 2000, mais le panel a tranché que “sting” était un terme courant et que l’usage d’Urvan était de bonne foi, le domaine ayant même conservé sa fonction originelle.

Jimmy Choo

La marque de luxe Jimmy Choo a engagé une procédure UDRP après qu’un particulier chinois ait déposé un domaine contenant le nom de la marque. L’OMPI lui a attribué le domaine, au motif d’une intention de tir profit de la renommée 

Ces cas montrent que :

  • Les domaines ciblent souvent des cibles très connues.
  • Les marqueurs de mauvaise foi (revendication, revente, contenu trompeur) sont décisifs.
  • Le recours à l’OMPI/UDRP est un levier efficace pour récupérer ces domaines.

Le but :

  • parasiter une image,
  • exploiter une popularité,
  • ou déclencher une revente sous pression.

Risque majeur : atteinte directe à l’image de marque. Une simple recherche Google suffit à semer la confusion.

Mail squatting : l’attaque invisible

Cette pratique vise à créer une adresse e-mail quasiment identique à celle d’une entreprise, en modifiant à peine le nom de domaine.

Exemples :

  • facturation@mailinb1ack.fr (avec un “1” à la place du “l”)
  • contact@clientservices-com.fr (faux site miroir d’un service bancaire)
  • rh@total-energie.com (arnaque au recrutement)

Objectif :

  • envoyer de fausses factures,
  • tromper les fournisseurs ou les clients,
  • récupérer des accès ou des données.

Le pire ? Dans beaucoup de cas, l’entreprise ciblée ne se rend compte de rien. Ce sont les victimes qui signalent le problème.

Conseil : ajoutez des protocoles d’authentification mail (SPF, DKIM, DMARC) et surveillez les nouveaux noms proches du vôtre.

Cybersquatting inversé : l’arme des puissants

Ici, ce n’est pas le squatteur qui abuse… mais la marque.
Le principe : une entreprise tente de récupérer un domaine légitime utilisé depuis longtemps par un tiers en l’accusant à tort de cybersquattage.

Exemples de Reverse Domain Hijacking :

  • Des entreprises tentent de requérir des domaines détenus en bonne foi avant leur dépôt de marque, notamment via UDRP, sans succès.
  • Cas spécifique : Solar Hero GmbH : Cette société a perdu sa plainte UDRP contre le domaine tradinghive.com. Le panel a jugé que leur démarche constituait un reverse domain hijacking, une tentative abusive d’extorsion judiciaire.
  • Cas Garth Piesse : La plainte a été rejetée dans deux dossiers (matesrates.co.uk et splitpay.co.uk) car l’enregistrement n’était pas manifestement malveillant

Ces revers démontrent :

  1. Le propriétaire légitime d’un domaine peut se défendre.
  2. L’OMPI sanctionne les recours abusifs.
  3. Une accusation injustifiée peut aggravifier la réputation de la marque.

Le but de ces attaques inversées ?

  • Contourner une négociation,
  • éviter de payer un rachat,
  • abuser du système juridique.

L’UDRP condamne formellement ce type d’abus. Mais cela nécessite des preuves solides pour défendre son nom.

Quels risques pour votre marque ou votre activité ?

Cette cyberattaque n’est pas une menace théorique. C’est un risque opérationnel bien réel, souvent invisible jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Il agit comme une fuite lente : vous ne la voyez pas, mais vous perdez du chiffre, de la confiance, et parfois bien plus.

Trafic détourné, clients perdus

Un utilisateur tape le nom de votre marque. Il pense arriver sur votre site. Mais il tombe ailleurs. Même design, même ton, autre propriétaire.

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Chaque clic redirigé, c’est une occasion ratée. Ce sont des ventes qui s’évaporent. Le tout sans que vous en soyez immédiatement conscient. Vous continuez d’alimenter vos campagnes, vos publications, vos actions marketing… pendant que d’autres récoltent les fruits de votre travail.

Usurpation et tromperie

Dans certains cas, le nom de domaine squatté ne sert pas seulement à capter du trafic. Il devient une arme. L’adresse est utilisée pour envoyer des e-mails frauduleux, cloner des pages, fabriquer de fausses factures. Vos partenaires reçoivent des messages signés en votre nom. Vos clients sont pris au piège. Et votre image est impliquée sans que vous n’ayez rien vu venir.

Le plus souvent, l’alerte ne vient même pas de vous. Ce sont vos interlocuteurs qui vous signalent des comportements suspects. Et à ce moment-là, le mal est déjà fait.

Marque abîmée, crédibilité fragilisée

Une marque, ce n’est pas qu’un logo. C’est une promesse. Une confiance construite avec le temps. Quand un site douteux s’affiche sous un nom trop proche du vôtre, même si ce n’est pas vous, l’impact est immédiat : soupçon, confusion, perte d’autorité.

Votre réputation en ligne, patiemment cultivée, peut être ruinée par un seul domaine parasite, surtout s’il est bien référencé.

Positionnement pollué

Google, lui, ne fait pas de sentiment. Si un nom ressemble au vôtre, s’il est actif, s’il génère du contenu, il peut très bien apparaître avant vous. Ce n’est pas qu’une question de visibilité. C’est un brouillage de votre signal. Vous disparaissez derrière un bruit qui n’a rien à voir avec votre activité. Et le référencement naturel devient une bataille contre des clones.

Procédures longues et coûteuses

Faire valoir vos droits, c’est possible. Mais la mécanique juridique a un coût. Et elle prend du temps. Rassembler les preuves, saisir les bons organismes, engager un avocat spécialisé… Il ne suffit pas de crier à l’injustice. Il faut construire un dossier, et parfois, négocier. Oui, certains squatteurs revendront le nom à prix fort. C’est illégal ? Parfois. Mais souvent, c’est plus simple que d’aller au bout du conflit.

Fatigue, frustration, pression

Ce que les statistiques ne montrent pas, ce sont les effets secondaires. La perte de temps. L’agacement. Le stress de devoir “reprendre le contrôle” sur ce qui vous appartient. Pour un dirigeant, un communicant ou un entrepreneur, voir son nom entre les mains d’un inconnu déclenche un sentiment profond d’injustice. Et dans certains cas, un doute durable sur la fiabilité du numérique.

Comment se protéger efficacement ?

La majorité des victimes de cette cybermenace ont un point commun : elles n’avaient rien mis en place pour se protéger.

Pas par négligence. Par ignorance. Parce qu’on pense, à tort, que “ce genre de chose n’arrive qu’aux grandes marques”. Et pourtant, se défendre face au squattage d’un nom, c’est d’abord une posture. Une façon de penser votre présence en ligne non plus comme un simple site, mais comme un territoire à défendre.

Adopter une stratégie défensive dès la création

Le réflexe de réserver un nom de domaine est devenu courant. Mais ce n’est pas suffisant. Ce qu’il faut mettre en place, c’est une stratégie défensive globale, qui anticipe :

  • les variantes de votre nom,
    les extensions disponibles,
  • les usages détournés.

Un nom de domaine n’est pas juste un outil technique. C’est un actif stratégique. Le protéger, ce n’est pas optionnel. C’est vital.

Identifier les failles avant les autres

Avant même qu’un squatteur ne vous vise, votre marque peut déjà être vulnérable :

  • un nom mal protégé,
  • une extension oubliée,
  • une marque pas encore déposée,
  • une orthographe sujette à confusion.

Toutes ces petites failles sont autant de portes d’entrée. Les identifier, c’est déjà commencer à se protéger.

Intégrer la protection des noms dans la gestion du risque

Vous surveillez vos finances, vos contrats, votre cybersécurité… mais surveillez-vous votre nom ? Si la réponse est non, il y a un angle mort.

Une politique de gestion des risques doit intégrer :

  • l’inventaire des noms stratégiques,
  • la cartographie des variantes sensibles,
  • la surveillance des tentatives d’enregistrement abusif.

Ce n’est pas une checklist à remplir une fois. C’est un volet permanent de la stratégie numérique.

Ne pas attendre le litige pour agir

C’est l’erreur la plus fréquente : attendre d’avoir un problème pour s’en occuper. Mais une fois qu’un domaine est enregistré, tout devient plus compliqué.

Réagir trop tard, c’est :

  • perdre du temps à prouver vos droits,
    laisser le contenu nuisible se diffuser,
  • risquer de devoir négocier avec un squatteur.

La meilleure façon de gérer une attaque, c’est de l’empêcher d’arriver. Et ça commence avant tout incident.

Que faire en cas de cybersquattage ?

Le constat est là : quelqu’un a réservé un nom qui vous ressemble trop. Le site est actif, ou en vente, ou tout simplement vide… mais dangereux.

Le piège est tendu. Il ne vous reste plus qu’une chose à faire : réagir intelligemment, sans précipitation.

1 – Ne rien faire… sauf documenter

La première erreur, c’est de foncer tête baissée. Contacter directement le squatteur, négocier à chaud, ou menacer par e-mail, c’est souvent une mauvaise idée.

Commencez par figer les preuves. Vous devez établir que le nom a été :

  • enregistré après votre activité ou dépôt de marque,
  • utilisé pour détourner du trafic, vous parasiter, ou induire en erreur.

Naviguez sur le site. Prenez des captures. Notez les redirections, les contenus, les formulaires présents. Regardez aussi l’historique du domaine sur des outils comme Whois, Wayback Machine ou DNSlytics. Le moindre détail peut compter.

Cette phase est invisible, mais essentielle : sans dossier, pas de recours sérieux.

2 – Identifier la voie de recours la plus adaptée

Une fois les preuves réunies, vous devez déterminer quelle procédure activer. Et tout dépend du type de domaine concerné.

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Vous êtes sur un domaine en .fr ?

L’AFNIC propose deux options, selon le niveau de complexité :

  • SYRELI si le litige est clair et la marque déposée : procédure en ligne, rapide et peu coûteuse.
  • PARL Expert si le cas est plus technique : un expert indépendant tranche le différend, sur la base d’un dossier complet.

Dans les deux cas, vous devrez prouver l’antériorité de vos droits (marque, nom commercial, usage public reconnu) et la mauvaise foi du squatteur.

Pour un .com, .net, .org ou autre extension générique

Il faudra passer par la procédure UDRP, portée par l’OMPI. Ce mécanisme d’arbitrage international s’applique aux noms déposés auprès des registrars liés à l’ICANN.

Vous devrez démontrer trois choses :

  1. que le domaine est identique ou confusément similaire à votre marque,
  2. que l’enregistrement a été fait sans aucun droit légitime,
  3. qu’il a été acquis de mauvaise foi.

Si ces trois critères sont réunis, le domaine peut vous être transféré. La procédure est totalement en ligne et dure en moyenne 60 jours.

3 – L’option judiciaire : dernier recours, mais levier puissant

Lorsque les procédures administratives échouent ou que le préjudice est majeur, il reste l’action en justice.

En France, plusieurs voies sont possibles :

  • la contrefaçon de marque, si vous avez un dépôt à l’INPI,
  • la concurrence déloyale ou le parasitisme, si le domaine vous empêche d’exercer,
  • ou encore une procédure en référé, pour demander le transfert ou le blocage d’urgence.

Mais attention : la voie judiciaire est plus lente, plus coûteuse, et exige un accompagnement solide. Elle peut toutefois s’avérer indispensable si :

  • le domaine diffuse des contenus frauduleux,
  • un dommage commercial chiffré est prouvé,
  • la négociation est impossible.

4 – Éviter les pièges du squatteur

Certains squatteurs sont très organisés. Ils anticipent vos réactions. Il n’est pas rare qu’ils déposent une marque postérieure au nom de domaine pour inverser les rôles, ou qu’ils construisent une présence “légitime” en apparence.

Dans d’autres cas, ils vous contactent directement avec un ton cordial : « Si ce domaine vous intéresse, je peux vous le céder pour 4 900 €. » C’est une rançon numérique déguisée, rien de plus. Ne cédez pas dans l’urgence. Ne vous laissez pas enfermer. Et surtout, ne signez rien sans avoir consulté un juriste.

Quelles sanctions pour les cybersquatteurs ?

Loin d’être un simple abus numérique sans conséquences, le cybersquattage est explicitement sanctionné par des lois nationales et internationales. Voici ce que la législation prévoit et pourquoi cela devrait vous rassurer.

Sanctions civiles en droit français

Le Code de la propriété intellectuelle sanctionne clairement toute utilisation abusive d’un nom similaire à une marque déposée. L’article L 713‑2 interdit l’usage d’un nom identique ou semblable aux fins de parasiter ou tromper le public 

Dès lors que l’usage abusif est établi (site actif, contenu douteux, confusion possible avec la marque), le titulaire peut engager une action pour contrefaçon. Les juges peuvent ordonner :

  • le transfert ou le blocage du nom de domaine
    • des dommages et intérêts
    • la publication du jugement (d’après l’article L 716‑4 CPI)

Même si aucune marque n’est déposée, une action pour concurrence déloyale ou parasitisme (article 1240 du Code civil) peut réussir, dès lors que l’usage du nom cause un préjudice avéré.

Sanctions pénales pour les cas graves

Au-delà du civil, des infractions pénales peuvent s’appliquer :

  • Usurpation d’identité numérique (article 226‑4‑1 du Code pénal) : jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.
  • Escroquerie aggravée : jusqu’à 7 ans de prison et 150 000 €.
    Ces peines interviennent si le nom de domaine est utilisé pour tromper (fraude, faux e-mails, faux paiements…).

Aux États-Unis : ACPA, une approche plus radicale

L’Anticybersquatting Consumer Protection Act (ACPA) de 1999 permet aux titulaires de marque d’agir rapidement contre les cybersquatteurs. Les sanctions sont variables :

  • Transfert obligatoire ou annulation du domaine
  • Amendes civiques de 1 000 $ à 100 000 $ par domaine, en fonction de la gravité
  • Possibilité de récupérer des frais d’avocats dans les cas « exceptionnels »

A qui appartient votre nom aujourd’hui ?

Le cybersquattage n’est pas une attaque frontale. C’est une menace lente, discrète, mais redoutable. On s’en rend compte quand un client s’égare, quand un site inconnu détourne du trafic, quand une adresse e-mail très proche de la vôtre envoie une fausse facture.

Et à ce moment-là, il est souvent trop tard.

La protection de votre nom de domaine, de votre identité numérique et de votre réputation ne doit plus être perçue comme une option. C’est un pilier de votre sécurité globale. Aussi important que vos sauvegardes, votre antivirus ou votre pare-feu.

Aujourd’hui, certaines solutions permettent non seulement de surveiller les enregistrements suspects, mais aussi de bloquer les tentatives d’usurpation dès qu’elles se manifestent. Ces outils détectent les variations dangereuses, les adresses frauduleuses, les noms qui vous imitent… avant qu’ils ne soient utilisés contre vous.

C’est cette vigilance, discrète mais constante, qui fait la différence. Pas seulement quand le problème se présente, mais bien avant qu’il ne devienne un problème.

U-Cyber : reprendre le contrôle avant qu’il ne soit trop tard

Dans un monde où une simple faute de frappe peut vous coûter des clients, où votre nom peut être détourné à des milliers de kilomètres sans que vous le sachiez, la cybersécurité ne se limite plus aux antivirus et aux pare-feux.

Elle commence par la défense de votre identité numérique.

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Votre nom vous appartient. Défendez-le comme un actif stratégique.

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